HISTOIRE TABAGOS FOOTBALL CLUB

Maillots blanc, shorts bleu, bas blancs. Voilà comment nous aurait annoncés le speaker du stade s’il y avait eu un speaker et surtout si nous avions joué notre premier match dans un stade. Pourtant, il y avait du public pour notre premier match officiel, contre les PTT Garches : quelques copains, une copine et un chien. […]

Maillots blanc, shorts bleu, bas blancs. Voilà comment nous aurait annoncés le speaker du stade s’il y avait eu un speaker et surtout si nous avions joué notre premier match dans un stade. Pourtant, il y avait du public pour notre premier match officiel, contre les PTT Garches : quelques copains, une copine et un chien.

Nous n’avions pas sous-estimé le besoin de préparation. Pour plusieurs d’entre-nous, réussir une fourchette au flipper ne signifiait pas automatiquement réussir une passe, ne plus avoir ces incisives du haut intactes n’était pas la marque d’une carrière de stoppeur derrière lui, annoncer un hat-trick à chaque match ne resterait jamais autre chose qu’un surnom, aligner les concours d’œuf dur-Pelforth n’était pas au programme des séances d’entraînement des manuels de l’époque … Un an de « Bagat » et de délires allaient permettre de souder une équipe improbable !

photo Bagatelle

periode tabago

Après plusieurs mois de premiers matches qui n’avaient rien d’amicaux, de débats agités dans la salle de A Tabago et dans la cave du 26bis rue Cassette, nous refusons avec noblesse la proposition scélérate du P.O. : former leur équipe du dimanche matin. Leur responsable foot était venu nous demander de les rejoindre plutôt que de les concurrencer car il n’y avait « pas la place pour 2 clubs dans le 6ème arrondissement » (Christian Pornin, dans la cave, quelques minutes avant de repartir sur des rails, avec goudron et plumes). Le Tabagos Football Club allait bien disputer le championnat du dimanche matin, en commençant tout en bas, en promotion de 2ème division. C’est à partir de cette année-là que le 6ème arrondissement a progressivement basculé dans un autre monde…

Clarifions immédiatement une controverse : non, nous n’avons pas commencé par un soi-disant match de coupe contre le P.O. Et non, le score n’était pas de … !  D’abord, comment une équipe du dimanche matin aurait-elle pu rencontrer en match officiel une équipe du dimanche après-midi, hein, je vous le demande ? Mort aux fake news !!!

Nous montons en D2 dès la 2ème année et une autre bonne nouvelle nous attend : nous allons jouer sur notre propre terrain, que nous attribue la préfecture de Paris : Parc des sports de Choisy le Roi, extension Plaine sud, terrain numéro 27. A nous la moquette, du moins un peu d’herbe ! Et déjà, comme un signe, une butte pour délimiter notre terrain. Cette butte était une bonne nouvelle : pas besoin de courir 100m pour aller chercher un tir à côté…

Un club a en effet besoin de l’appui solide de quelques personnalités bien placées. Ce sera aussi le cas d’Ariane Brossolet, l’élue aux Sports de la mairie du 6ème. Un soutien indéfectible, qui valut quelques suspicions médiocres : le Président entretiendrait-il une relation coupable avec elle ? Son dévouement pour le Club irait-il vraiment jusque-là ??? Que nos lecteurs et la famille de notre grande Ariane soient rassurés, la réponse est bien sûr non. Enfin, c’est ce que nous croyons savoir.

Le Tabagos Football Club grandit. Il casse sa tirelire pour faire signer Olivier Thrierr et recrute un homme d’expérience pour remplir son obligation de se doter d’un dirigeant : Paul Gasson. Oui, The Paul Gasson, himself. Celui qui nous a convaincus quand il nous a raconté son déplacement pour aller voir Kuopio – St Etienne en coupe d’Europe. 57 h de train aller-retour. Un cador, une épée.

Last but not least, un sponsor sur nos maillots. Nous nous étions dit que nous serions devenus un grand club lorsque nous aurions un sponsor. Nous devons à l’Histoire que nous nous sommes aussi dit que ce serait le cas quand nous aurions une équipe 1ère le dimanche après-midi, puis quand nous aurions des équipes de jeunes, puis quand nous aurions un car pour les transporter…et on a tout fait J.

Nos maillots bleus floqués Kindy, que nous avions obtenus avec une petite réduction quand cette marque s’est lancée dans les chaussettes de foot,  notre premier vrai sponsor était le motoriste de bateaux Evinrude, Evinrude – Nauty Hall, nom de leur boutique sur les quais de Boulogne, pour être mrécis.

Avec le recul, comment le logo d’Evinrude – Nauty Hall a-t-il pu se retrouver sur nos maillots ? Comment leurs responsables ont-ils pu se faire embobiner ainsi, nous fournissant trois jeux de maillots tellement épais qu’Olivier Jouanne pouvait enfin jouer sans son petit Damart dessous ?

La rencontre avec les dirigeants ce magasin avait été digne d’une scène de L’Arnaque, tant l’espérance de vendre un seul moteur de bateau avec la notoriété que nous leur offrions était improbable. Evinrude fit faillite en 2020. Fallait-il y voir une relation de cause à effet ? Leur armée de juristes n’allait-elle pas franchir le pas et se lancer dans une impitoyable guerre judiciaire ? Un procès qui -à la différence de nos confrontations dominicales- était loin d’être gagné d’avance, se profilait dangereusement. C’est probablement cette perspective ô combien incertaine qui précipita notre changement de nom, qui devint l’Inter 6ème.

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